[Edito] Sommes-nous trop dépendants de Steam ?
Un idiome bien connu indique qu'il faut toujours éviter de "mettre tous ses oeufs dans le même panier", et pourtant, nous autres humains utilisateurs de technologie, devenons de plus en plus dépendants de services qui font partie intégrante de notre vie de tous les jours. Mais pouvons-nous réellement faire confiance aux fournisseurs de ces services ? Et qu'arrive-t-il lorsque ceux-ci disparaissent ?
Récemment, des dizaines de millions de joueurs du monde entier ont eu un aperçu des dangers de la dépendance à un service et à un fabriquant uniquement : près de 50 millions d'utilisateurs de PS3 et PSP ont vu leurs possibilités de jeu en ligne s'écrouler, tandis que les développeurs ayant tablé sur la réussite du Playstation Store vont certainement avoir du mal à joindre les deux bouts ce mois-ci.
Si Sony nous a donné un exemple à grande échelle des risques de devenir dépendant à une unique plateforme, elle n'est pas la seule firme à avoir fait trembler ses utilisateurs. Ainsi, Blogger, la plateforme appartenant à Google qui se cache derrière Zone Jeu, a été inaccessible durant près de 24 heures, laissant sur le carreau plusieurs centaines de millions de blogs dans le monde, qui souffrent toujours de bugs résultant de cette journée qui n'ont jamais été corrigés.
Le risque est donc grand de mettre tous ses oeufs dans le même panier, et jusqu'à maintenant une seule plateforme de jeu pouvait se targuer d'être "libre" de ce type de risque : le PC. En effet, le PC, avec tous les problèmes liés aux nombreuses configurations différentes, avait jusqu'à maintenant un énorme avantage sur les différentes consoles : il s'agit d'une plateforme ne dépendant pas d'une seule et unique société pour ses besoins en gaming, du moins c'était le cas jusqu'à il y a peu.
En effet, bien que la plupart des PC utilisés pour le jeu tournent sous Windows, la faillite de Microsoft ne signifierait pas la fin de toutes ces plateformes, et on pourrait encore arriver à jouer en ligne tant que les éditeurs et la communauté maintiendront leurs serveurs. Mais toute liberté vient avec son lot de problème, et joueurs comme développeurs ont longtemps demandé une "uniformisation" du jeu sur PC, et celle-ci est en partie arrivée avec un logiciel maintenant bien connu des gamers : Steam.
Steam est une plateforme fantastique, et le but de ce billet n'est pas du tout de la renier. Grâce à ce logiciel, Valve a fourni aux joueurs autant qu'aux développeurs une suite d'outils de qualité, et a largement contribué à relancer l'industrie du jeu sur ordinateur en fournissant aux gamers une plateforme simple, relativement fiable, centralisée, et surtout bénéficiant régulièrement de prix très avantageux. En échange de tous ces services, les joueurs PC ont, volontairement ou non, renoncé un peu plus à la liberté qui était l'un des forts avantages de cette plateforme.
La question du "danger" de l'omniprésence de Steam sur le marché PC ne se posait pas réellement jusqu'à il y a quelques mois, mais le fait est que les joueurs cherchant à éviter la plateforme de Valve ont désormais de plus en plus de difficultés. Ainsi, de plus en plus de jeux sortent avec le support exclusif de SteamWorks même dans leurs versions boîtes, nécessitant ainsi d'installer la plateforme pour accéder au titre, comme c'est le cas avec Brink ou les derniers Total War. S'imposer sur le marché via sa suite d'outil est l'une des tactiques de Valve, mais il en est une autre bien plus simple et agressive : en multipliant les offres promotionnelles ultra-agressives, Steam asphyxie petit à petit les autres magasins en ligne, tels que Direct2Drive ou encore le français GamesPlanet, qui ne peuvent pas se permettre de couper autant les prix, et sont donc condamner, sur le long terme, à mourir ou à occuper une part de marché tellement peu importante que les éditeurs n'y feront plus attention.
Ces offres spéciales qui ont commencé par des week-ends irréguliers ainsi que des semaines évènement pour Noël, etc. ont vite été rejointes par des "folies de mi-semaine" et de très nombreuses opérations liées à un éditeur en particulier, auxquelles se sont récemment ajoutées les promo quotidiennes. A l'heure où nous écrivons ces lignes, 98 jeux sont en promotion sur Steam, un nombre impressionnant qui attire les nouveaux joueurs, donne la possibilité de jouer à petit prix, mais impose également aux autres revendeurs des prix qu'ils ne peuvent pas suivre.
Via ces tactiques et en utilisant ses propres jeux comme tête de pont, Steam est désormais incontournable sur le jeu PC, s'arrogeant plus de 75% du marché. Mais pour chaque achat effectué, il est important de comprendre que Steam n'est pas un magasin, c'est bel et bien une plateforme comme pourrait l'être la Playstation 3, la Xbox 360, ou encore Windows : le jour où Steam subit, comme Sony, une faille de sécurité à grande échelle, c'est le mode multijoueurs de centaines de jeux qui sera interrompu, et des millions de joueurs qui seront touchés. Là est le danger de mettre tous ses oeufs dans le même panier...
Qu'arriverait-il si Valve partait en fumée ?
Chez Zone Jeu, nous adorons Steam pour ce que cette plateforme a fait pour le jeu PC, mais on a malgré tout appris à se méfier : une société, toute "petite" et "indépendante" soit-elle, peut beaucoup changer lorsqu'elle grossit, et si Valve pouvait il y a quelques années être comparé à David, c'est désormais Goliath qui se dresse devant nous, et comme on dit : plus dure sera la chute...
Chacun est libre de ses choix lorsque vient la question d'acheter un jeu, mais lorsque vous avez le choix justement, souvenez vous qu'il n'y a pas que Steam dans la vie, et qu'il peut être bénéfique de soutenir des initiatives comme l'absence de DRM chez GOG, ou bien simplement d'acheter un jeu directement sur le site officiel de son développeur, supprimant ainsi les intermédiaires et donnant plus d'argent à ceux qui créent réellement le jeu. De nombreuses alternatives s'offrent à vous et pourraient, peut-être, faire que la facture sera moins salée si un jour le géant américain se rend compte qu'il a des pieds d'argile...
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