Watchmen: The End Is Nigh, l’art du gâchis

L’adaptation cinématographique et vidéo-ludique de Watchmen fait l’objet d’une publicité relativement importante et l’on comprend que beaucoup soient curieux voire impatients étant donné la qualité unanimement reconnue de la bande-dessinée. Ici-même, nous vous avons plusieurs fois parlé du jeu, d’abord à travers une preview plutôt alléchante, avant de lancer une mise en garde après les premiers retours professionnels sur le titre. Maintenant que nous avons pu tester la démo disponible sur PC (via Steam), Xbox Live Arcade et Playstation Network, l’heure est au bilan.

Un univers grandiose

Etant donné que mon camarade Guls a déjà largement décrit l’univers et l’ambiance du titre dans la preview, je ne vais pas m’attarder sur ce point à nouveau. Pour resituer le contexte rapidement, vous incarnez dans le jeu l’un des deux watchmen proposés, les watchmen étant des justiciers masqués qui cherchent à rendre la justice et rétablir l’ordre, parfois à leur façon. Deadline Games a la chance de pouvoir profiter d’un univers très riche, qui s’éloigne de tout manichéisme pour révéler finalement sa profondeur. Le jeu vidéo évite de reprendre telle quelle l’histoire proposée dans la bande-dessinée et vous propose de débuter l’aventure à la prison de Sing Sing, en proie à une rébellion généralisée et que les gardiens s’avèrent incapables de maîtriser. Difficile de juger la valeur du scénario sur une simple démo, aussi s’abstiendra de s’avancer sur ce point.

Pour souligner l’unes des (rares) qualités du titre ici, les développeurs ont fait le choix de proposer des cinématiques sous une forme crayonnée, sans doute par référence à l’œuvre originale. Elles se révèlent relativement convaincantes et donnent un petit cachet sympathique au jeu en plus d’établir le lien avec la bande-dessinée. Puisque l’on est à traiter du rendu de l’univers, les graphismes s’avèrent plutôt inégaux. Si la tendance générale est bonne, certains effets apparaissent moins bien réussis : on pourra penser ici notamment aux flammes. Toutefois, il faut reconnaître également qu’une prison n’est sans doute pas l’endroit idéal pour exposer toute la splendeur de graphismes. Aussi peut-on espérer que les autres environnements soient suffisamment variés et marquent peut-être d’autres aspects positifs du moteur.


Un gameplay très classique mais potentiellement efficace

Watchmen: The End Is Nigh est conçu comme un beat them all tout ce qu’il y a de plus classique et basé sur un système désormais éprouvé de combos. Ces derniers ont le double intérêt de procurer un certain dynamisme aux combats et surtout d’apporter un peu de variété. S’ils n’empêchent peut-être pas le jeu d’être lassant à la longue (encore que la ridicule durée de vie avancée par nos collègues rend difficile cette critique), ils constituent toutefois forcément un apport important au jeu. Les développeurs ont pris le parti de les rendre franchement accessibles dès lors que le rythme à prendre pour enchaîner les coups s’acquiert très facilement. Ce n’est pas forcément un mal et peut-être que Deadline Games a espéré ainsi attirer l’ensemble des fans de Watchmen, y compris ceux n’étant pas familiers avec ce type de jeu.

Peu de choses à évoquer au niveau du gameplay à part le système de combos dès lors qu’il s’avère vraiment être le cœur du jeu. On notera simplement, pour l’anecdote, quelques interrupteurs à actionner, des leviers à tirer en gardant une touche appuyée ou des grilles à lever en la tapant rapidement. Bref, vous l’aurez compris, aucun intérêt ici si ce n’est tenter d’introduire par ces mécanismes une certaine immersion dans le jeu, ce qui n’est pas franchement réussi.


Une maniabilité pire qu’exécrable

On arrive ici au nœud du problème, car si la pauvreté de certains effets et le classicisme du jeu n’étaient pas rédhibitoire, ces derniers points le sont sans aucun conteste. Tout d’abord, la qualité des animations est parfois tout à fait douteuse. Si la plupart des combos sont plutôt bien retranscrits, en laissant de côté les moments réguliers où votre collègue tape à côté de son ennemi par exemple, les déplacements s’avèrent horribles. Votre personnage met environ une seconde à se déplacer après que vous ayez donné l’ordre et surtout, il apparaît impossible de contrôler sa direction comme vous le souhaiteriez. C’est rapidement énervant car même si votre héros arrive généralement à foncer directement sur l’ennemi (et encore), vous avez du mal à viser le bon adversaire et je ne parle pas des fois où vous devez esquiver des flammes par exemple.

Mais au-delà, c’est surtout la gestion de la caméra qui gâche complètement le jeu et elle est d’ailleurs sans doute en partie responsable du défaut précédemment mis en avant. Il est proprement impensable que les développeurs et/ou l’éditeur aient osé sortir le jeu dans un tel état. La caméra n’est jamais positionnée au bon endroit, ne se déplace pas correctement en même temps que vous bougez votre souris et surtout vous masque la vue la plupart du temps, notamment lorsque vous êtes contre un mur. Ces problèmes de caméra sont proprement insupportables au bout de quelques minutes seulement et gâchent tout le plaisir que pourrait procurer le jeu.

Fuyez, pauvre fou !

Watchmen: The End Is Nigh recelait un certain potentiel de par sa licence et aurait pu séduire de nombreux joueurs avec un gameplay simple mais qui a aujourd’hui fait ses preuves. Toutefois, sans même chercher à confirmer les allégations d’une durée de vie parfaitement ridicule par rapport au prix (moins de deux heures pour près de 20€), rien ne peut rattraper Watchmen, même pas son mode coopératif. Il est en effet impossible d’effectuer des combos à deux ou même de frapper un ennemi en même temps, vous pouvez juger ici des efforts des développeurs pour rendre le jeu intéressant… Autant dire que nous vous conseillons de garder votre argent pour jeu de qualité (ou plus simplement pour acheter la bande-dessinée si vous ne la possédez pas encore), et ce n’est ma foi pas ce qui manque actuellement.

Images tirées de la galerie de jeuxvideo.com.

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