Test : Deus Ex Human Revolution
Certaines séries de jeux vidéo sont tellement mythiques qu'il est difficile d'y toucher sans prendre l'énorme risque de décevoir les fans. Deus Ex fait partie de celles-ci, et après l'échec de Deus Ex 2: Invisible War, on penserait que plus personne n'oserait reprendre les rennes de ce légendaire RPG Cyberpunk. C'était sans compter sur l'équipe d'Eidos Montreal, qui a réussi à nous pondre un excellent Deus Ex, comme nous le voyons en test...
Un peu d'histoire...
Commençons comme il se doit par un petit rappel historique pour les plus jeunes d'entre vous. Deus Ex est un RPG-FPS à l'origine développé par Ion Storm (également à l'origine de l'excellent Thief: The Dark Project, et du nullissime Daikatana qui mena le studio à sa fin) et sorti en 2000 sur PC, atteignant un énorme succès d'estime grâce à son univers et à son gameplay profond et atypique. Sortie en 2004, sa suite nommée Invisible War déçu l'intégralité des fans de la série, et la série fut enterrée avec la fin de Ion Storm, Eidos gardant les droits sur le nom et l'univers.
Lorsque Deus Ex 3 fut finalement annoncé en 2007 par , une horde de fans commença à trembler de peur de voir l'échec d'Invisible War reproduit, d'autant plus que la jeune équipe d'Eidos Montreal avait encore beaucoup à prouver. C'est donc sous une grande pression que le studio travailla sur le projet durant quatre ans...
Deus Ex (2000)
Ce n'est pas la fin du monde, mais on peut la voir d'ici...
Deus Ex: Human Revolution se déroule 25 ans avant les évènements du premier Deus Ex, en 2027. Cyberpunk oblige le monde est très sombre, ultra-industrialisé, et la récente découverte des procédés d'augmentation des facultés humaines via implants bioniques a créé deux camps dans l'opinion publique : les pro-augmentation, et les ceux qui y sont opposés, chaque camp ayant son lot de fanatiques dangereux. Vous incarnez Adam Jansen, chef de la sécurité de Sarif Industries, l'un des principaux constructeurs d'implants cybernétiques au monde.
Suite à une attaque aussi imprévue que violente sur les locaux de Sarif, vous vous retrouvez deux doigts de la mort, et voyez une importante partie de votre corps remplacée par différents implants cybernétiques. Votre quête vous amènera par la suite à parcourir de nombreuses villes du monde telles que Detroit, Montreal, Shanghai et Singapore afin de découvrir qui est à l'origine de l'attaque et surtout pourquoi.
Du Game, du Play, et du Roleplay
Deus Ex: Human Revolution appartient à la catégorie action-RPG, mais se rapproche plus d'Oblivion on Thief que d'un Mass Effect. Le gameplay se rapproche de celui d'un FPS avec une vue à la première personne qui passe à la troisième une fois bien caché derrière un couvert, mais le joueur un peu trop bourrin comprendra vite que l'approche brute est loin d'être la meilleure. Il est plutôt recommandé de se la jouer furtif et d'approcher sans bruits afin de passer à la barbe des nombreux ennemis présents, ou bien de les mettre hors d'état de nuire silencieusement.
Vous avez le choix de la marche à suivre, et c'est là toute la beauté de DEHR : que vous préfériez vous concentrer sur la furtivité, sur le combat, ou encore sur le hacking de terminaux informatiques, le jeu a été prévu pour. Chaque action ou quête effectuée rapportera des points d'expérience, et tous les 5000 points vous gagnerez un Point de Praxis à dépenser dans vos diverses améliorations cybernétiques, de l'armure dermale réduisant les dégâts au dispositif de camouflage permettant d'être invisible quelques secondes, en passant par les améliorations du tir ou du hack, de nombreuses possibilités s'ouvrent à vous, mais il sera impossible de les prendre toutes : une spécialisation est donc nécessaire.
On se rend vite compte que le monde du jeu a été construit de base pour cette diversité de choix, car chaque pièce, chaque mission comporte ces diverses possibilités : des couverts derrière lesquels se cacher pour les pros de la gachette, des conduits d'aération et autres chemins alternatifs pour se faufiler sans faire de bruit, des portes à serrure électronique que l'on peut hacker, etc.
Bien que ces trois choix soient toujours présents, ils ne sont pas toujours à égalité. Ainsi, impossible de se tromper : Deus Ex Human Revolution n'est pas un FPS, et ses mécaniques de combat semblent souvent légères par rapport au côté action d'un Mass Effect ou d'un Borderlands. Afin de profiter de toute la saveur du titre, le côté furtif est clairement privilégié, et ce n'est pas un mal.
En Noir et Jaune...
Nous avons abordé le premier bon point de DEHR avec sa liberté d'action et son gameplay, passons maintenant au second point très positif : son univers. A l'heure où les jeux se ressemblent de plus en plus et où l'originalité semble avoir quitté le milieu des blockbusters pour se réfugier quasi-exclusivement chez les indépendants, Eidos Montreal nous donne une bonne claque et ose dépeindre un univers sombre et adulte à la direction artistique bien marquée.
"Ce n'est pas la fin du monde, mais on peut l’apercevoir d'ici", cette phrase qui débute et conclut le jeu marque bien l'ambiance du titre : on se retrouve dans un monde perdu, désespéré dans lequel les hommes cherchent leur place entre évolution naturelle et technologie, corporations, sectes et gangs essayant bien évidemment de tirer leurs épingles du jeu dans toute cette confusion. Le scénario s'étale sur 25 à 30 heures de jeu, réparti entre les missions principales et de trop rares quêtes secondaires, et malgré une fin décevante, des rebondissements trop prévisibles et un personnage principal parfois un peu long à comprendre ce qui se passe, on se laisse facilement prendre au jeu et à l'ambiance.
Et si on s'y laisse prendre, c'est certainement grâce à l'atmosphère fantastique que les développeurs ont réussi à rendre sur ce titre. Deus Ex: Human Revolution n'a graphiquement rien à envier à ses concurrents et serait même légèrement en-dessous de ce qui se fait actuellement (sans mentionner les ralentissements réguliers sur Xbox 360) mais le choix de la palette de couleurs oscillant en permanence entre un marron-noir et le jaune "sale" d'une mauvaise ampoule électrique, combiné aux objets très carrés aux angles droits, donne à ce monde une atmosphère déprimante et intrigante à la fois, et très certainement unique que les développeurs définissent comme une "Renaissance technologique" mais qui se rapprocherait plus de l'Âge Sombre, du cyberpunk comme on en avait pas vu depuis trop longtemps.
Afin de soutenir cette atmosphère, les développeurs ont poussé le soucis du détail jusqu'à l'extrême. Lors de la visite d'une salle de presse à Montreal, les hackeurs habiles vont pouvoir lire les échanges d'e-mails entre les divers journalistes, tantôt en anglais, tantôt en français (Québec oblige), et dénouer les luttes de pouvoirs de journalistes pourtant absents et non-impliqués dans la trame du jeu en lui-même. Même chose lors de l'exploration d'un laboratoire scientifique en Asie, où l'on pourra lire les échanges d'e-mails entre différents chercheurs se disputant au sujet de théories et de déontologie. Rien de tout cela ne fait avancer la quête de Jansen, mais cela participe clairement à l'immersion du joueur dans l'univers du jeu.
Cadeaux Bonux
Tout n'est certes pas parfait dans DEHR, et on regrettera certainement des dialogues trop peu profonds qui pâlissent de la comparaison avec Mass Effect 2, un aspect graphique trop limité et probablement réduit afin de tenir sur les consoles de salon actuelles, et un gameplay du combat un peu mou. Aucun de ces problèmes n’entache toutefois vraiment la qualité du jeu, qui se permet même d'avoir quelques cadeaux bonus comme la possibilité de sauvegarder à n'importe quel moment, bien trop rare sur console, ou des petits clins d'oeil à d'autres jeux vidéo et autres éléments de culture geek que les fans d'easter eggs s'empresseront de chercher partout.
Conclusion
Deus Ex: Human Revolution n'est pas parfait, loin de là, mais c'est un excellent jeu, sans concessions et destiné aux gamers, un retour aux sources du premier Deus Ex dans lequel on retrouve également un arrière goût de Thief pas désagréable du tout, d'autant plus que les mêmes développeurs s'apprêtent également à ressusciter ce dernier. Rien de révolutionnaire donc, mais une magistrale évolution sur un concept qui avait déjà fait ses preuves, et dans un univers qui nous manquait beaucoup.
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