Edito : Ce soir, je joue
"Je ne peux pas. Ce soir, je joue". Voilà une phrase que j'entends de plus en plus souvent lorsque je propose à mes amis de sortir, particulièrement suite à la sortie de RPG fleuves tels que Dragon Age et Mass Effect 2. Loin du "Je peux pas, j'ai raid" qui a fait gagner à de nombreux joueurs de World of Warcraft, cette phrase est le symbole de l'émergence d'une nouvelle génération de joueurs.
Depuis l'apparition de la première version de Pong, le jeu vidéo n'a cessé d'évoluer et avec lui toute une population de joueurs. Toutefois, admettons le, ce n'est qu'avec l'apparition des consoles de salon de la génération NES qu'il est véritablement devenu un phénomène commun. Les joueurs qui ont commencé à jouer avec la NES ou la Master System ont maintenant entre 25 et 35 ans, la plupart travaillent, ont une vie de famille, et donc bien moins de temps pour jouer.
Toutefois, beaucoup de ces joueurs n'appartiennent pas à la catégorie des "casual gamers", et s'ils consomment du jeu à la volée sur leur iPhone, c'est souvent avec regret et parce qu'ils n'ont pas d'autres choix. Cette population de joueurs et de joueuses reste à la recherche d'une expérience de jeu raffinée, d'un scénario profond et d'un gameplay éprouvé.
Comment faire alors pour s'immerger dans un Dragon Age alors qu'on a si peu de temps entre le travail, la famille et une vie sociale hyperactive ? C'est simple : il faut faire des choix, et se réserver du temps pour enfin pouvoir retrouver les sensations de sa jeunesse, lorsque les retournements de situation de Final Fantasy VII nous prenaient aux tripes comme de bons films holywoodiens.
Alors donc, une fois de temps en temps, plutôt que de sortir prendre un verre, cette nouvelle génération de joueurs dit "Non, ce soir, je joue. Je me réserve du temps de qualité où je pourrai, sans être dérangé, m'immerger dans un univers fantastique, découvrir des personnages intéressants, et laisser vagabonder mon imagination par le temps et l'espace." Bon, la phrase complète fait un peu théâtrale mais l'idée est là : les gamers d'hier qui ont vécu l'émergence des MMORPG et l'âge d'or du jeu vidéo japonais ont vieilli mais ce n'est pas parce qu'ils ont moins de temps pour jouer qu'ils réclament du jeu de moins bonne qualité.
S'astreindre d'une sortie pour avoir le temps de jouer n'est donc plus synonyme de jeu compulsif ou d'addiction, mais d'une volonté de s'assurer du temps de qualité, seul ou à plusieurs, pour une expérience de jeu raffinée. Loin des stéréotypes véhiculés par des médias grand publics à la recherche d'un sujet racoleur, les gamers adultes d'aujourd'hui placent les jeux vidéo au même niveau que le cinéma ou les sorties sociales et s'arrogent le droit de leur donner de temps en temps priorité sans que cela ne leur soit reproché.
Malheureusement, il faudra encore bien du temps pour que cet état des choses sont bien compris...
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